L’INNOVATION C’EST LA SANTÉ

PAR OREN MIZRACHI

L’Intelligence Artificielle fait mieux que les médecins et ils en redemandent.

Le site web israélien Geektime et les sites FrAndroid et Xinhuanet nous éclairent cette semaine sur une expérience intéressante menée en Chine. Une compétition de diagnostic médical a opposé 15 medecins à une Intelligence Artificielle baptisée BioMind mise au point par l’Institut de recherche de l’hôpital Tiantan de Pékin et l’université Capital Medical. Celle-ci a été développée pour servir d’aide au diagnostic et à la formation.

L’Intelligence Artificielle, alimentée par des dizaines de milliers d’images de radiographies de maladies liées au système nerveux, a réussi à vaincre les praticiens et à identifier rapidement un plus grand pourcentage de diagnostics médicaux nécessitant un traitement.

Sur un total de 225 cas analysés, 87% des tests effectués par l’IA se sont avérés corrects alors que les médecins ont seulement réussi à diagnostiquer correctement 66% des cas en deux fois plus de temps. Le système artificiel a également montré une performance plus impressionnante dans la prédiction des conditions d’hématome cérébral, 83% contre 63% chez les médecins.

Selon Dr Paul Parizel, ancien Président de la Société Européenne de Radiologie, ces types de technologie ont pour but d’agir de façon similaire à ce que fait un GPS pour les conducteurs. Cette expérience a été menée pour convaincre les derniers sceptiques de l’Intelligence Artificielle.

Medecins expérimentés recherchent entrepreneurs prêts à partager les risques d’erreurs

Si les effets bénéfiques ne sont pas à prouver, c’est d’avantage la cohabitation de ces deux mondes qu’il faut apprendre à encadrer. Ce sont en effet les 13%-17% d’erreurs médicales de BioMind qui attirent d’avantage notre attention.

La robotisation du diagnostic médical ne semble pas pouvoir remplacer l’intervention du médecin tant que l’Intelligence Artificielle n’atteindra pas les 100% de résultats probants et pas avant que les robots soient reconnus responsables juridiquement (la commission européenne y travaille mais elle fait face à de nombreuses oppositions, comme le rappelle la journaliste Anne Moraux pour Affiches-Parisiennes.com).

Les professionnels de la santé voient leur profession se digitaliser mais seul leur diagnostic reste encore un gage de responsabilité professionnelle. Nous sommes encore loin du l’ère du remplacement par les robots mais de la recherche d’une complémentarité optimale entre le Machine Learning et la prise de responsabilité humaine vient certainement améliorer le diagnostic et limiter les risques d’engagement de la responsabilité médicale des médecins.

Santé Digitale : en Israël, les usagers pitchent et les Start-up s’activent

“Vérifiez si votre idée répond à un besoin”. Ce conseil traditionnellement donné aux entrepreneurs doit tout simplement être reformulé en matière de santé digitale : “Demandez aux professionnels de la santé ce qui leur manque et trouvez-leur une solution ” 

L’équipe BeWell.il de l’Israel Innovation Institute a, pour exemple, travaillé avec 5 Hôpitaux et Universités pour comprendre et caractériser les défis qui se posent en matière de santé. La synthèse de leur travail sera présentée lors d’un évènement ouvert aux entrepreneurs, investisseurs et représentants d’organisations de santé le 30 juillet prochain à Haïfa. Chercheurs, médecins et ingénieurs sont invités à venir prendre des notes et à repartir avec des devoirs. Ceux-qui ont déjà des projets aboutis pourront aussi présenter leurs innovations.

La mairie de Tel-Aviv Jaffa fait aussi en ce moment un appel à projet innovants pouvant servir sa population vieillissante. Le Hakaton annuel de la municipalité de Tel Aviv sera cette année (du 20 au 19 Juillet 2018) sous le signe du troisième âge 3.0. Sur l’évènement Facebook créé pour l’occasion, la municipalité de la ville qui ne dort pas, nous rappelle que l’on vieillit même en dormant peu. La ville de Tel-Aviv-Yafo compte actuellement 65 000 habitants âgés de plus de 65 ans, et selon les données du Centre de recherche sociale et économique de la municipalité, cette population croît 3,2 fois plus grande que le reste des résidents. Cela est dû, entre autres, au fait que l’espérance de vie s’est allongée d’environ 6 heures par jour, une tendance qui devrait se poursuivre dans les années à venir toujours selon la municipalité. Cette dernière invite les résidents vétérans à participer et à s’engager pour leur indépendance et leur mobilité.

Le Ministère de la Santé Israélien s’intéresse également de près à la question du vieillissement de la population. Le 18 Juillet à 18h30, il organise un meeting de préparation pour ceux qui envisagent de répondre à l’appel du projet national pour l’amélioration du traitement en hôpitaux gériatriques. Déjà 15 projets pilotes ont été lancés sur ce modèle, 9 d’entre eux sont à des stades avancés de tests avec la collaboration d’organisations médicales.

Intelligence Artificielle appliquée à la médecine :  Israël rivalise avec la Chine

Le gouvernent israélien a approuvé un plan de santé numérique d’environ 300 millions de dollars en Mars 2018. Un ERP (SAP) a été choisi pour numériser les dossiers de santé personnels des citoyens israéliens. Il est et conçu pour développer la médecine personnalisée et préventive, établir une banque de données afin d’encourager la recherche et les investissements internationaux. Selon le premier ministre Netanyahu, Israël a des dossiers médicaux sur près de 9 millions de personnes au cours des 20 dernières années ; si Israël parvient à drainer vers lui seulement 10% du marché santé numérique cela pourrait représenter 600 milliards de dollars.

Trois mois plus tôt, la Chine a présenté un plan visant à développer une industrie nationale de l’intelligence artificielle (IA) d’une valeur de 150 milliards de dollars d’ici 2030, dans le but de devenir un leader mondial des technologies de l’IA. Le président Xi Jinping a appelé les entreprises chinoises à “se lancer et à posséder les technologies de base”. L’industrie nationale des soins de santé Chinoise a commencé à soutenir les startups de l’IA en soins de santé, en leur fournissant un accès plus facile aux données de santé pour former leurs algorithmes, aidé par des réglementations relativement flexibles.

Le plan Israélien a déjà commencé à produire des effluves, avec un plan start-ups annoncé en Juin. Il permet aux entreprises sélectionnés d’accéder à un financement remboursable sous forme de redevances sur les ventes et d’essayer leurs technologies directement dans des services de santé du pays avec un accès aux données médicales, sans exigence d’une quelconque participation bénéfices futurs !

Reenita Das, directrice adjointe Santé chez Frost & Sullivan sur Forbes.com, qualifie Israël d’ambitieux concurrent de la Chine. Pour cette dernière, les Etats ont un rôle essentiel à jouer dans la course à la création de géants de l’IA, notamment en encourageant les partenariats entre les différents acteurs de l’écosystème MedTech (Hôpitaux, Universités, Industrie Tech & Pharma, etc.).

En Israël, jeune pays qui cultive l’amour pour la vie, on peut déjà quotidiennement constater un sain interventionnisme de l’état permettant de booster la dynamique collaborative de cet écosystème.  Les médecins et les start-ups que l’ONG Gvahim accompagne sont également invités à se rencontrer et échanger. Unis par le souhait de contribuer à l’économie israélienne et motives par le souhait d’entreprendre et d’apporter leur innovation au monde. 

Oren Mizrahi, directeur d’Olim Medical

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